Page:Drouot – Eurydice deux fois perdue, 1921.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ah ! ce n’est pas pour moi la saison de la grappe qu’on se partage, ni de l’épi multiplié, mais, de toutes parts, comme un filet, l’automne tombe sur le sol, s’abat comme une pluie d’insectes bourdonnants. Toute chose alors se recueille, ramène, dès midi, la nuit sur son cœur, la tire à soi, très doucement, s’en tisse un linceul pour l’hiver. Tel est le pouvoir de la Magicienne qu’elle magnétise les plantes, tarit le sang des animaux et, pour l’homme, elle le persuade. Il se couche parmi l’andain, la face tournée vers l’odeur de l’ombre. Il ferme les yeux, ses oreilles rougissent, ses joues brillent. Ce n’est pas le sommeil. C’est une torpeur dont le battement régulier l’épuise ; la fatigue aussi a son rythme.

* * *