Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/131

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jourd’hui chez nous[1]. Ils étaient aussi riches qu’à l’heure actuelle, et, dans le Midi particulièrement, les Juifs étaient presque maîtres.

Dans le Languedoc, « cette Judée de la France », pour employer l’expression de Michelet, les Juifs portaient des noms vulgaires : Astruc, Bougodas, Crescas, Dileral, Estori ; mais, en se mêlant à la population le plus qu’ils pouvaient, ils restaient fidèles au souvenir de la patrie, ils donnaient des noms de villes bibliques à celles du pays : Lunel devenait Jéricho ; Montpellier, Haï ; Carcassonne, Kirrath-Jearin. Ils se francisaient pour conquérir, ils judaïsaient ce qu’ils croyaient avoir conquis.


II


C’est par le Midi, où ils paraissaient le plus solidement installés, que commença le malheur des Juifs.

L’exemple d’une partie de leurs coreligionnaires, chassés d’Espagne et obligés de chercher un asile dans les florissantes juiveries de Toulouse et de Narbonne, aurait dû les rendre plus prudents.

Au onzième siècle, les Juifs étaient tout-puissants En Espagne. Un des leurs, rabbi Samuel-Ha-Lévi, mar-

  1. À propos de ce chiffre, M. Albert Kohn a prononcé dans une séance de l’Alliance Israélite quelques paroles qui méritent d’être reproduites. « D’où vient, disait-il en 1870, que la Russie et la Pologne aient 3,000,000 de Juifs, tandis que la France en a tout au plus 120,000 ; l’Angleterre, 60,000 ; l’Italie, 45,000 ? »
      La réponse à cette sorte d’interrogation est simple. C’est parce que la France avait 800,000 Juifs, qu’elle les a chassés pour exister ; c’est parce qu’elle les a chassés, quelle est devenue la plus grande nation de l’Europe ; c’est parce que la Pologne a recueilli ces Juifs, que, livrée aux conspirations et à l’anarchie, elle a disparu du rang des peuples ; c’est parce que la France a repris à son tour ces Juifs polonais, qu’elle est en train de périr.