chand épicier, se mêla aux guerres civiles, qui, par une coïncidence singulière, ont une intensité particulière partout où il y a des Juifs, et devint favori du roi Habous.
Son fils, rabbi Joseph-Ha-Lévi, nazi ou naghid, c’est-à-dire, roi des Juifs, parvint à être vizir du roi Badis.
Ce fils d’épicier tint la conduite que devait tenir plus tard Gambetta, Juif comme lui et fils d’épicier comme lui. Il révolta tout le monde par son insolence (insolentia Judæorum), il insulta grossièrement la religion du pays, et chacun bientôt n’eut plus qu’un désir, celui d’être débarrassé de lui et de la clique qu’il traînait sur ses pas. « Le royaume alors, dit un historien arabe, valait moins que la lampe de nuit quand le jour est arrivé. »
Un poète religieux, le glorieux Abou-Iskak-al-Elbiri, alla de ville en ville, flétrissant les défaillances, prêchant le dévouement, réconciliant entre eux les Cindhadjites et les Berbères longtemps ennemis, récitant partout sa célèbre Kacida rimée en noun, pour exciter les courages. Partout on répétait avec lui le refrain de sa chanson : « Les Juifs sont devenus grands seigneurs… ils régnent partout, dans la capitale et dans les provinces ; ils ont des palais incrustés de marbre, ornés de fontaines ; ils sont magnifiquement vêtus et dînent somptueusement, tandis que vous êtes pauvrement vêtus et mal nourris. »
Figurez-vous un Déroulède vraiment patriote, au lieu de s’être enrégimenté dans le parti de Gambetta par amour de la réclame banale, un général n’ayant pas peur de la mort, quelques hommes du peuple courageux, tout cela se ruant un matin sur les hôtels des tripoteurs et des financiers juifs, et vous aurez une