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IV


Bordeaux était cependant un bien étroit terrain pour les Juifs. C’était Paris surtout qu’ils ambitionnaient ; en 1767, ils crurent avoir trouvé un moyen d’y pénétrer. Un arrêt du conseil avait statué qu’à l’aide de brevets accordés par le roi, les étrangers pouvaient entrer dans les corps de métiers. Les Juifs, toujours à l’affût, s’imaginèrent qu’il serait facile de se glisser par cette porte.

Les six corps de marchands protestèrent énergiquement. La requête des marchands et négociants de Paris contre l’admission des Juifs est, à coup sûr, un des documents les plus intéressants qui existent sur la question sémitique.

On ne peut plus, en effet, nous raconter les vieilles histoires de peuples fanatiques excités par les moines, de préjugés religieux. Ces bourgeois sont des Parisiens du dix-huitième siècle, des contemporains de Voltaire, assez tièdes probablement.

Ce qu’ils discutent, n’est pas le point de vue religieux ; c’est le point de vue social. Leurs arguments, inspirés par le bon sens, le patriotisme, le sentiment de la conservation, sont les mêmes que ceux des comités de Berlin, d’Autriche, de Russie, de Roumanie, et l’on peut dire que leur éloquente requête est la première pièce du dossier antisémitique moderne, sur lequel le vingtième siècle statuera définitivement, si le procès dure jusque-là.

Les marchands parisiens protestent avec énergie contre l’assimilation qu’on veut établir entre le Juif et l’étranger : l’étranger s’inspire à un fonds d’idées commun à tous les civilisés ; le Juif est en dehors