Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/179

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donné. Soldat de l’émancipation des peuples quand la démocratie est en haut, défenseur de l’ordre quand la réaction triomphe, il est le plus puissant agent de trouble que jamais la terre ait produit ; et il traverse ainsi la vie, avec la joie que donne aux Juifs la conscience d’avoir, sous des formes diverses, toujours fait du mal à des chrétiens.

Pour voir ses Juifs, Napoléon exigea d’abord qu’ils prissent des noms. La plupart adoptèrent des noms de lieux : Lisbonne, Paris, Lyon, Marseille ; d’autres prirent des noms ordinaires : Picard, Flamand, Bourgeois, Léon, Clément, Benoît ; beaucoup puisèrent dans le calendrier révolutionnaire, et s’appelèrent Avoine, Seigle, Froment, Laurier.

Napoléon personnifiait, même en matière financière, le contraire de l’esprit juif. Par un contraste comme on en rencontre tant dans cet étonnant génie, cet homme si chimérique en certaines questions, ce poète en action, à la façon d’un Alexandre ou d’un Antar, était, dès qu’il s’agissait des finances publiques, l’économe le plus rigide, le plus méticuleux, le plus probe qu’on eût vu depuis Colbert. Pour des œuvres qui honoraient le nom français, pour des constructions, pour des encouragements aux artistes, pour des fêtes plus éclatantes que toutes celles qu’avait contemplées le monde jusqu’à lui, il jetait l’or sans compter ; puis le lendemain il défendait l’argent de son peuple, l’argent des contribuables après tout, avec l’âpreté bourgeoise d’un Louis XII.

A partir de 1810, le Juif, qui avait soutenu jusqu’alors Napoléon et qui n’avait plus rien à en attendre de bon, se mit du côté de l’Europe. Le tout-puissant empereur eut contre lui désormais cette force mystérieuse de la finance à laquelle on ne résiste pas, même