Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où l’on ne saisît quelques lettres adressées clandestinement aux prisonniers, comme celles que Jules Favre écrivait à Rochefort.

Les captifs se servaient des gages qu’ils pouvaient avoir. Quelques pages noircies d’encre étaient alors le meilleur talisman contre la mort violente. Ranc, né malin, se saisit de la cassette de Thiers, et Pallain entra dans la vie politique en allant négocier pour la reprendre. La légende rapporte que la cassette fut rendue, mais absolument vide. L’étonnante fortune de ce Pallain, qui, malgré son absolue nullité, trouva moyen d’être directeur dans trois ministères à la fois, semblerait indiquer cependant qu’un ou deux papiers étaient restés dans la cassette. Le reste, toujours d’après la légende, aurait sauvé Ranc de toute poursuite après la chute de la Commune.

Sous le rapport moral, c’est la lapinière qui paraît être le modèle de la haute démocratie française, dont des circonstances exceptionnelles mettent en pleine lumière la vie privée.

Cette lapinière a cependant un caractère particulier : c’est une lapinière dans une étude de procureur, dans un cabinet d’homme de loi ; le clapier témoin de ces amours, semble être un carton vert.

Jules Favre ne se contente pas d’avoir des enfants naturels ; il s’ingénie à les faire entrer de force dans le cadre normal, il torture le Code à propos d’eux, il commet des faux, il fait fusiller Millière qui a dénoncé ces infamies, il séquestre pendant trois mois, dans la maison de détention de Versailles, l’infortuné Laluyé qui connaît trop de secrets intimes pour qu’on le laisse vivre, et qui, en effet, finit par succomber aux mauvais traitements dans une autre prison.

Tout ce monde, amis ou ennemis, se tient ainsi par