Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tous ces vertueux robins finissent toujours dans des histoires de papiers qui rappellent les agences borgnes : les uns travaillent sur des registres de mairie, d’autres opèrent dans des dossiers.

« Ayez pitié de moi, pauvre pécheur ! » murmure sans cesse le chrétien le plus irréprochable dans sa vie. Les prêtres du droit, comme ils s’appellent dans les discours de rentrée, se chauffent d’un autre bois. « Vous incarnez. Monsieur, se disent-ils entre eux, les plus augustes traditions du barreau, de ce barreau qui est l’honneur dans l’honneur même, la fleur de l’intégrité, si j’ose m’exprimer ainsi. » Et alors ils font des effets avec leurs manches pagodes, ils tirent des intonations étonnantes de toutes sortes d’endroits, de la gorge, de l’épigastre, de l’intestin grêle ; ils préludent, ils modulent, ils canulent…


Qu’est-ce qui va encore lui arriver, à celui-là ? se demande-t-on. Quelles hontes ne trouverait-on pas derrière cette façade solennelle ? Quel jet de boue jaillirait si l’on brisait la couche frêle de cette incorruptibilité d’apparat !

Généralement, il leur arrive, à tous, des aventures extraordinaires d’indécence. Sur l’instant, les affaires Laluyé, les affaires Vergoin, les affaires Wilson, défrisent un peu cette pompe bourgeoise, et font rire de bon cœur les gens à l’âme ingénue, qui ne se glorifient pas quand ils ne pèchent pas, et se repentent quand ils ont péché.