Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/227

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À ce manque de déterminisme, il faut, pour demeurer dans l’analyse vivante, joindre l’intervention toute naturelle de la comtesse de Chambord. Laissez de côté toutes les phrases ; restez dans la simple humanité, et fîgurez-vous ce que devait éprouver cette femme dévouée, lorsqu’elle voyait son mari, heureux près d’elle, faisant la charité, chassant, mangeant bien, et qu’elle se disait : « Demain, tout ce bonheur sera remplacé par des machines infernales, des coups de pistolet, des émeutes. »

— Je suis revenue une fois, disait souvent la duchesse d’Angoulême, mais je ne consentirai pas à revenir une seconde fois.

La comtesse de Chambord avait été élevée avec la duchesse d’Angoulême, qui lui racontait sans cesse les scènes du Temple, les infamies républicaines presque inconnues, car c’est à peine si l’histoire a osé les relever ; le long martyre du petit Dauphin, que la pauvre princesse, blottie derrière la porte, entendait chaque matin hurler de douleur sous les coups de Simon. Le peuple de Paris lui inspirait une véritable terreur.

Les défauts du comte de Chambord s’aggravèrent encore, grâce aux habitudes contemporaines.

Autrefois un prétendant dans cette situation eût trouvé quelque compagnon comme en avait eu Henri IV, n’ayant pas sa langue dans sa poche et parlant à son roi en camarade. Notre époque, de laquelle tout héroïsme a disparu, vit, au contraire, dans un perpétuel lyrisme écrit, dans une sorte de lyrisme journalistique ; on a la gloire, sans être obligé de se donner la peine de l’acquérir.

Le mensonge de l’adulation vaine a suivi le comte de Chambord jusque dans la mort, et beaucoup de gens sont convaincus que ce sont les intrigues des