Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/243

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avaient été gaspillés ; on avait tout fait pour semer la division et la haine dans les cœurs ; l’armée avait été savamment désorganisée, rien n’était prêt, on le vit bien quand Farre, pour envoyer un régiment en Tunisie, dut prendre des hommes à Brives, des chevaux à Perpignan, des selles à Versailles[1].

Mettez cette désorganisation en face de la redoutable organisation de l’Allemagne, et vous devinez le résultat. On aurait eu à peine le temps de faire le petit emprunt, et l’ennemi était sur nous, nous serrant à la gorge, tandis qu’un duc de Frigolet ou un Thibaudin quelconque aurait essayé de mettre en branle cette formidable machine de la mobilisation qu’il faudrait un Napoléon pour manier.

C’était l’écrasement, c’est-à-dire, dix milliards de rançon.

Comment les payer ? Le Juif était là. Il se chargeait, pour le compte de l’Allemagne, d’avancer une partie de la somme ; seulement, la rentrée, on le comprend, ne pouvant se faire en un jour ; il aurait pris en quelque sorte le pays en régie pour le compte du vainqueur ; il aurait réalisé son rêve d’être le maître, au moins momentané, de cette Terre promise qui l’avait si longtemps rejeté hors de ses frontières, de tenir la France à la glèbe. Percepteur nécessaire à l’Allemagne, il aurait exercé une sorte de royauté, peut-être obtenu pour Rothschild le titre de Vice-Roi. Alors tous les Juifs,

  1. Au moment où Déroulède et la Ligue des Patriotes provoquaient niaisement l’Allemagne, nous n’avions pas même de munitions, les cartouches de nos arsenaux étaient avariées et hors d’état de servir. Dès la fin de 1882, le général Billot dut demander à la Chambre un crédit extraordinaire annuel de 2,673,323 francs, destiné à détruire ces cartouches qui nous avaient coûté des sommes énormes.