Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/273

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la suite du remuement des peuples par la Révolution française, certains Juifs, ainsi que nous l’avons expliqué, se mirent à parcourir l’Europe, cherchant çà et là où s’établir. Un Juif wurtembergeois, A. Gamberlé, se fixa à Gênes au temps du blocus continental, fit le commerce des cafés et la contrebande, épousa une Juive du pays, dont un des parents avait été pendu, et italianisa alors son nom, en s’appelant Gambetta.

Le fils ou le petit-fils vint en France, s’établit à Cahors, et nous donna le grand homme qui n’eut jamais absolument rien de français , pas même le style.

Chez Gambetta, avocat, on n’aperçoit nul goût pour sa profession, nul amour de la bonne renommée qu’on acquiert par le mérite et le travail.

Barbey d’Aurevilly charge l’avocat stagiaire d’un procès de presse, La cause était piquante, l’affaire bonne pour un débutant. Gambetta remercie, puis disparaît, ne prépare rien, vient trouver Barbey le matin de l’audience pour lui demander ce qu’il faut dire, et finalement, à la stupéfaction profonde du tribunal, il compare l'auteur du Prêtre marié... à Voiture.

— Vous avez plaidé comme un fiacre, Monsieur, lui dit d’Aurevilly avec cet accent qu’on lui connaît.

Comparer Barbey d’Aurevilly à Voiture ! Cette pensée ne pouvait venir qu’à l’inventeur des coursiers fougueux qui s’élancent dans la mer. Ce n’est rien, sans doute ; mais ne découvrez-vous pas là comme une manifestation de plus de cette nature si antiartistique et antifrançaise, si déliée et si fine pour tout ce qui touche aux questions d’intérêt, si obtuse et si réfractaire à toutes les nuances intellectuelles ? Cette comparaison saugrenue a dû venir tout naturellement à l’esprit de ce mal appris, comme lui venaient l’épithète qui ne