Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/308

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Haines de classes et de races, intérêts froissés, dit le capitaine Villot, jalousies et ressentiments : telles furent les conséquences de ce décret malheureux. Les indigènes musulmans furent écœurés de voir élever à la dignité de citoyens français leurs ennemis séculaires, des gens qu’ils considèrent comme lâches, serviles et méprisables. « Pourquoi donc cette préférence ? dirent-ils : est-ce que les Juifs ont, comme nous, prodigué leur sang en Crimée, en Italie, au Mexique ? est-ce qu’ils ont dix mille des leurs prisonniers en Allemagne ? »


M. de Prébois, chef d’escadron en retraite, ancien représentant de l’Algérie en 1848, était plus sévère encore


Au moment où un comité dit républicain ou de défense obtenait la naturalisation en masse des Juifs, c’est-à-dire, de la partie la moins intéressante de la population algérienne, et à coup sûr la plus dérisoire au point de vue de la défense, l’insurrection des populations arabes et kabyles y répondait.

Quand ils apprirent le décret de M. Crémieux qui naturalisait les Juifs, leur exaspération se transforma en profond mépris pour les Français, qui s’étaient abaissés jusqu’à envoyer des délégués aux Juifs de Bordeaux pour solliciter leur assimilation à une race méprisée. Alors les premiers symptômes de soulèvement se manifestèrent. Pour qui connaît ces races indigènes, fières et belliqueuses, il est de toute évidence que leur orgueil fut révolté de se voir menacées d’être subordonnées aux Juifs. Les Français, à leurs yeux, descendaient au niveau des Juifs.


L’Akhbar disait de son côté, à la date du 25 novembre 1872 :


La naturalisation des Juifs a été une des causes principales de l’insurrection : elle a jeté l’insulte à la face du peuple musulman, en proclamant la suprématie du Juif indigène sur l’Arabe et sur le Kabyle.


L’insurrection éclata quand les populations musulmanes virent, à la fin de janvier 1871, les Israélites