faire les fonctions de jurés. Le Kalifa de la Medjana, Sidi-Mokrani, en renvoyant la croix d’officier de la Légion d’honneur, fit savoir qu’il aimerait mieux mourir les armes à la main que de tolérer l’affront fait à sa race en plaçant les Israélites au-dessus d’elle.
En face du Juif oblique comme Crémieux, qui trahit le pays qui s’est confié à lui, il faut placer la noble et loyale figure de notre ennemi Sidi-Mohammed-Ben-Ahmed-el-Mokrani.
II
Mokrani est la plus complète personnification de ces grands seigneurs arabes, tels que Fromentin s’est plu à nous les montrer sous les ciels aux tons fins qu’il peint si bien, à nous les raconter dans ses livres pleins de couleur. Passionnés pour les belles armes et les beaux chevaux, superbes sur leurs étriers dans les brillantes fantasias, graves et dignes au seuil de leurs tentes en souhaitant la bienvenue à leurs hôtes, fastueux quand ils traitaient nos officiers, ces chefs, après de longues résistances, avaient été fascinés et séduits par la bravoure de nos soldats ; ils étaient fiers de porter sur leur burnous la Légion d’honneur, cette fleur aujourd’hui flétrie, cet emblème désormais prostitué, qui jadis signifiait courage, talent ou vertu. Ennemi terrible, ami sincère, Mokrani était digne de vivre au temps de Yousouf-ben-Ayoub-Salah-Eddyn et de combattre avec des chevaliers croisés.
Quand un officier français transmit au Bach-Aga le décret de Crémieux, il cracha dessus et le retourna à l’envoyeur, en disant simplement : « Je n’obéirai jamais à un Juif ! »
Cet homme, qui avait toutes les générosités, ne vou-