De nos 180 députés de la droite, il ne s’est pas détaché un homme qui ait une effigie précise. De tout ce qui a été oratoré depuis l’entrée de ces députés à la Chambre, il n’est pas resté, je ne dis pas un discours, mais un beau mot, un mot touchant, profond, cinglant, célébrant noblement des victimes, imprimant une marque indélébile sur la joue de quelque insulteur de l’Église, enfonçant dans les flancs d’un Floquet, d’un Tirard, d’un Ferry, d’un Lockroy, le trait qui fait crier à la victime : « Je suis touché ! » le trait qui pénètre davantage à mesure que le misérable s’efforce de l’arracher…
Quelques orateurs ne sont pas sans talent ; mais ils se contentent de venir, quand c’est leur tour de jouer, poser un argument à côté de l’argument de leur voisin, comme on pose un domino à la suite du domino de son adversaire : — A vous la pose, Monsieur ! — cinq et blanc.
Ces discours n’ont point de parfum à eux. Vous n’y respirez point l’odeur de la terre fraîchement remuée par la charrue, ni la senteur salubre des bois, ni les fumées de la cuvée bourguignonne, ni le goût de la pomme foulée dans le pressoir normand. Tout cela ressemble à du vin de raisin sec fabriqué par des vignerons qui seraient empaillés… Boulanger est plus vivant, il faut l’avouer. Aussitôt qu’il est quelque part, il s’élève une chanson qui s’en va mettre les rues en gaieté : « Gais et contents, le cœur à l’aise » ; une bonne vapeur de soupe