Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/328

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suls, nos chanceliers, nos drogmans s’agitent, se remuent, trottent, rédigent des mémoires, formulent des protestations. Au zèle déployé l’on voit tout de suite quels sont les membres du corps diplomatique qui auront de l’avancement. Mellinet, ministre de France en Roumanie, puis en Perse, se multiplie à Téhéran ; Tissot se met en quatre au Maroc pour mériter d’être envoyé à Constantinople, puis en Angleterre ; mais Roustan les surpasse tous à Tunis.

Crémieux, dans son testament, tint à laisser publiquement une preuve de sa sollicitude à l’Alliance isrâélite.


Je lègue, écrivait-il, une somme de 10,000 francs à l’Alliance isrâélite universelle. Comme l’Alliance n’est pas une société légalement autorisée, j’impose à mes enfants l’obligation de compter, dans les trois mois de mon décès, au président de l’Alliance israélite universelle cette somme de dix mille francs, dont l’emploi sera fait selon la décision que prendra le Comité central.


Les catholiques n’eurent garde de blâmer cette disposition. Quel droit plus sacré que celui de disposer d’une partie de son patrimoine en faveur d’une cause qu’on a servie toute sa vie, de se survivre en quelque sorte par sa fidélité à une idée qui vous a été chère, de s’associer par delà le tombeau à des labeurs et à des préoccupations qui ont été les vôtres ?

Supposez que je lègue dix mille francs à l’ordre des Bénédictins, chez lesquels j’ai passé un mois charmant dans ma jeunesse, dont les travaux littéraires et historiques se rapprochent des miens : voyez-vous d’ici Lockroy ou Camille Dreyfus à la tribune. « Captation ! Messieurs, bien de main morte !… Cet homme sait que cette congrégation n’est pas autorisée, et il lui lègue tout de même. Peut-on imaginer un mépris plus pro-