Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/347

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chaient à leurs maris d’avoir fait le coup. Pour tâter le terrain, elles essayèrent de donner une petite fête. C’est une grande qu’il eût fallu donner. On s’étouffait dans les salons à ce bal des victimes, et, au premier rang, parmi les plus obséquieux, figuraient les malheureux déshonorés par les Rothschild, les pères, les frères, les sœurs de ces infortunés, les d’Haussonville, par exemple, doublement atteints dans les d’Harcourt et dans les Broglie.

Quelle vision pour l’observateur, que celle de toutes ces familles qui furent glorieuses, défilant en éclatante toilette sous les huées, à peine dissimulées, de quelques Juifs cosmopolites ;, qui raillaient leur chagrin, comptaient combien de pauvres diables s’étaient suicidés à la suite du Krach, demandaient tout haut si l’affaire irait en police correctionnelle ou en cour d’assises, si le régime des maisons centrales était dur en France !

On a accusé certains romanciers contemporains d’être irrespectueux envers le Passé, et de rire de choses qui furent augustes : quel tableau à la fois sinistre et comique, tragique et burlesque, pourrait-on tracer qui ne fût inférieur à cette réalité ?

Notez que cette dégradation est absolument spéciale à la noblesse française. Quelques heures de chemin de fer suffisent à transformer la fille hautaine d’Alphonse de Rothschild, la madame Ephrussi, si altière envers notre aristocratie, en une petite Juive fort humble, qui, munie de toutes sortes de recommandations, serait bien heureuse et bien honorée si la cour de Russie daignait la recevoir, non pas sur le même pied assurément, mais à la suite de la femme de quelque vaillant officier qui, pour fortune, n’a que sa solde.

On a raconté le voyage que fit à Saint-Pétersbourg,