Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/350

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frappe dans cette physionomie, c’est l’absence de regard, le clignotement perpétuel des yeux.

Très rogue dans le monde, Alphonse a des instincts populaires : il aime à parcourir Paris en dissimulant sa royauté, et en se faisant passer pour photographe près des petites lingères ou des fleuristes, avec lesquelles il cause volontiers.

Edmond est le classique marchand de lorgnettes ; il a une barbe roussâtre, et braque un lorgnon sur ses yeux avec un tic nerveux qui voudrait être impertinent : il a toujours l’air fureteur de quelqu’un qui cherche quelque chose qu’il ne trouve pas.

Gustave, avec sa barbe châtaine déjà poivre et sel, sa haute taille, aurait l’air relativement distingué, s’il savait marcher, entrer et sortir ; il affecte d’être encore plus sec que les autres membres de sa famille. Sa femme est d’une insupportable arrogance.

Tout ce monde est plus ou moins maussade et quinteux. Les uns ont la moelle épinière entamée ou un épanchement de la synovie, comme Edmond ; les autres deviennent aveugles de bonne heure, comme Nathaniel, qu’on promenait dans une petite voiture à travers ces appartements magnifiques dont le luxe n’existait plus pour lui. On les trouve mal élevés ; ils sont surtout moroses, ressentant, comme la plupart des autres Juifs, au sein d’une scandaleuse opulence, ce qu’on a appelé « la grande misère de tout ». Ils n’ont aucun stimulant, aucun mobile d’action. Ils ont voulu conquérir la France ; ils l’ont conquise, et ils sentent qu’elle meurt sous leur souffle délétère, qu’ils n’ont à eux qu’un cadavre.

Alphonse a de l’esprit, ou plutôt une sorte d’humour anglaise tournée à l’aigreur et à l’ironie, qui, maintenue par le besoin de ménager la haute société qu’il méprise,