Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/354

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toire : une pièce fort simple, qui a pour tout ornement les rouleaux de la Thora et le chandelier à sept branches ; dans l’ombre, on aperçoit un piano et quelques chaises de paille.

Le salon de famille s’appelle aussi le salon des cuirs de Cordoue : il doit son nom à de superbes tentures de cuir gaufré et repoussé, qui représentent le Triomphe de Mardochée. Ces cuirs, parfaitement conservés, viennent des Flandres ; ils avaient été apportés, sans doute, par quelque grand seigneur espagnol. Ce sont de très curieux spécimens de ces cuirs dorés, de ces cordovanes, de ces guadamasiles dont Cervantes parle à plusieurs reprises dans ses œuvres. On trouve là aussi, comme tapis de table, une tapisserie de la Savonnerie toute lamée d’argent, et qui est du travail le plus intéressant et le plus précieux.

L’examen de quelques volumes qu’on entrevoit dans un meuble d’ébène surmonté d’un éléphant cloisonné, déconcerte légèrement. « Quels sont les livres de main, les amis littéraires familiers de ces gens-là ? » se demande-t-on ; et l’on regarde. On voit : Soulié, Paul de Kock, Pigault-Lebrun, Touchard Lafosse (Chroniques de l'Œil-de-Bœuf), Eugène Sue (le Juif errant), Jacob (Histoire de France). Tout cela dans les éditions les plus affreuses, dans des éditions dont un lettré ne voudrait pas pour vérifier une citation.

Cela ne vous produit-il pas un peu l’effet du linge sale sous une robe de soie ? Quel aperçu cela vous ouvre sur le monde qui va là, et qui expose quelque jeune fille à prendre un volume au hasard et à tomber sur Pigault-Lebrun !

Pour nous remettre, voulez-vous avancer sur le perron ? A droite et à gauche, vous trouverez deux vases de Clodion ; la paire a coûté cinquante mille francs.