Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/362

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mand, qui s’est enrichi à nos dépens, reculent les frontières de l’hyperbole.

Il y a des lettres vraiment stupéfiantes, « Vous me pardonnerez de venir ainsi vous troubler au milieu de vos peines… Mon excuse est dans le désir que j’éprouve… » Voilà de quelle encre écrit à un manieur d’argent le prince de Joinville, un homme qui a dans les veines quelques gouttes du sang de Louis XIV ! Les lettres du comte de Paris et du duc d’Aumale, un peu moins plates peut-être, sont du même ton.

Depuis 1868, la servilité n’a fait que croître. Les descriptions de mariages sont inouïes. Rien ne manque à ces épithalames : on assiste à la toilette de la mariée ; on monte dans le magnifique attelage « choisi et appareillé par Claude Lachaume, le piqueur du baron Alphonse » ; on écoute Félix Lévy, « ténor admirable », chanter l’Imlach, du non moins admirable Emile Jonas ; puis les chœurs attaquent l’Alléluia d’Erlanger, qui n’est certes pas l’Alléluia des actionnaires du banquier de ce nom ; enfin, l’on passe à la sacristie. « Il est cinq heures et demie, écrit Meyer, le Dangeau de ces solennités, cinq heures et demie aux horloges pneumatiques, et « toujours » à l’horloge du sentiment… »

Naturellement, aucun nom n’est omis. Voici le prince Murat, le duc de Broglie, M. Buffet, le comte de Turenne, le vicomte d’Harcourt, le duc et la duchesse de la Rochefoucauld-Bisaccia, le duc de la Trémoille, le duc de Montmorency, le comte d’Andigné, la duchesse de Fitz-James, le prince de Ligne, le prince de Léon, le comte de Mailly-Nesles, la comtesse de Clermont-Tonnerre, la duchesse de Maillé, tout l’armorial de France, en un mot, accouru pour adorer le Veau d’or et pour proclamer à la face de l’Europe que la richesse est la seule royauté qui existe encore.