Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/391

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Vous devinez, avec un tel intermédiaire, ce que sont les négociations. Mme Mackay met le portrait de Meissonier dans l’endroit secret où Saint-Simon avait mis le portrait de Dubois. Meissonier se déshonore par son âpreté au gain, en demandant soixante-dix mille francs pour une toile qui lui a demandé quelques séances. Au moment où tout va s’arranger, le Juif Wolff, qui voit son compère Meyer engagé, vient prononcer sur le cas quelques-unes de ces paroles dont il a le secret : « Si, dans un pareil débat, dit cet homme austère, je pouvais hésiter un instant, il me faudrait renoncer à élever la voix dans les questions artistiques ; je signerais ma propre déchéance. »

— C’est donc un repaire de brigands que votre Paris ? vous disent parfois les étrangers.

— Mais non. Paris est encore plein de braves gens.

Si, au lieu de vivre dans ce monde d’intrigants qui attendent les voyageurs à la gare, comme les interprètes et les pickpockets ; si, au lieu de s’entourer de Juifs, Mme Mackay, qui est, dit-on, une femme excellente, avait vécu avec des Parisiens honnêtes, elle aurait su comment on fait une hausse factice sur les œuvres d’art comme sur les actions de sociétés financières ; elle aurait trouvé à Paris trois cents peintres qui ont plus de talent que M. Meissonier ; elle aurait eu affaire à un artiste qui se serait conduit envers elle en homme bien élevé, et elle n’aurait pas été diffamée dans les gazettes.

Quand il n’a plus d’autre occupation en ville, Meyer organise des fêtes avec les duchesses. Lors de la fête des Alsaciens-Lorrains, c’est lui qui devait ouvrir le bal avec la comtesse Aimery de la Rochefoucauld. Au dernier moment, la pauvre comtesse eut honte, et se contenta de faire un tour dans la salle au bras du petit