Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/397

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indignation une somme d’argent, ne résistera pas à un sourire de femme, à un mot gracieux, à l’insistance même d’un inconnu qui semble attacher un prix exceptionnel à ce qu’on dira de lui.

Seuls, les rédacteurs de journaux à informations, des journaux boulevardiers, comme on dit, sont, en quelque manière, obligés par la nature même de leur travail à un certain décousu dans l’existence. Les autres vivent avec une régularité parfaite, le plus à distance du centre qu’ils peuvent, ne se mêlant que d’assez loin à l’existence bruyante de Paris. La plupart sont mariés et fidèles ; beaucoup aussi, je dois le reconnaître, sont concubinaires : ils ont rencontré une femme qui les aime, qui ne dérange point leurs papiers, et ils se sont attachés à elle, sans prendre la peine de faire régulariser leur situation ; ils pratiquent toutes les vertus du mariage, sans en avoir les avantages.

Ce sont précisément ces vertus qui diminuent l’indépendance du journaliste, qui inclinent aux concessions un caractère nativement droit, qui font qu’une presse déconsidérée a, pour rédacteurs, des hommes dignes personnellement de toute considération.

Si la rédaction des journaux, en effet, est composée d’éléments sains, la direction, la propriété, pour être plus exact, est trop souvent aux mains d’êtres absolument méprisables, de financiers véreux, d’actionnaires peu scrupuleux, qui voient dans un journal, non un moyen de répandre des théories justes et fécondes, mais d’appuyer des combinaisons louches, d’obtenir des concessions que des ministres, objets du dégoût et du mépris universels, accordent à ceux qui ont le triste courage de les louer.

La conception que Gambetta se faisait de la presse, était une conception exclusivement juive. Une horde de