CHAPITRE SIXIÈME
I
La Presse s’est presque entièrement transformée depuis quelques années. Pour comprendre les conditions nouvelles dans lesquelles elle est placée, il convient tout d’abord de séparer le journalisme du journaliste, la besogne faite de celui qui la fait.
Rien n’est plus absolument probe, plus complètement désintéressé, que le journaliste d’origine française et chrétienne ; et ceci, sans acception d’opinion. Il dispose d’un moyen d’action formidable ; il blesse ou caresse à son gré la vanité de chacun, à une époque où ce sentiment a pris des proportions presque morbides, et jamais la tentation ne l’effleure de retirer un bénéfice quelconque des éloges qu’il accorde.
Sont-ils donc d’une impartialité absolue ? Non. N’attachant malheureusement qu’une importance secondaire à ce qu’ils écrivent, ils sont accessibles à la camaraderie, à la flatterie, à la démarche personnelle faite près d’eux ; ils décernent l’épithète d’« éminent » ou de « sympathique », comme s’il s’agissait d’une simple croix du Mérite agricole. Tel qui repousserait avec