Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/435

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compense l’hospitalité que nous accordons à tous, les rebuffades dont on paye nos avances.

Quel épisode que la statue de Bartholdi : la Liberté éclairant le monde ! Pendant des années, le comité répétait sur tous les tons : « Notre chère sœur l’Amérique nous adore ; ses ambassadeurs dans toutes les capitales nous l’ont bien prouvé pendant la guerre de 1870, en buvant aux succès de la Prusse et à l’abaissement de la France[1] : souscrivons pour élever un monument impérissable de l’amour qui nous unit ! »

Quand la statue est enfin terminée, après des appels de fonds incessants, les Américains déclarent qu’ils n’en veulent à aucun prix, qu’ils ne donneront pas cinquante centimes pour le piédestal. Le Congrès refuse de voter la moindre somme. Dans un pays où l’on réunit un million de dollars en quelques heures pour n’importe quelle souscription, les particuliers haussent les épaules quand on leur propose de souscrire[2].

  1. Il convient de reconnaître la noble attitude de Victor Hugo, qui se souvenait parfois, malgré les promiscuités auxquelles il se prêtait, qu’il était fils d’un soldat. On lui avait annoncé la visite de Grant, le président agioteur dont la langue, on le sait, est tombée pourrie, sans doute de toutes les injures qu’il avait vomies contre nous en 1870 : « Que M. de Mac-Mahon le reçoive, s’il le veut, disait un jour le poète devant nous ; s’il se présente ici, je le fais jeter à la porte ! » Qui ne se rappelle, dans l’Année terrible, la pièce intitulée Bancroft, et surtout le Message de Grant :

    … Ah ! sois maudit, malheureux qui mêlas
    Sur le fier pavillon qu’un vent des cieux secoue
    Aux gouttes de lumière une tache de boue !

  2. Pour se débarrasser de cette statue dont on les ennuyait sans cesse, les Américains finirent par l’inaugurer au mois d’octobre 1886 ; mais ils profitèrent de la circonstance, pour donner une verte leçon au Spuller et au Desmons que la France avait envoyés là pour la représenter. La cérémonie commença par une prière ; et les députés qui persécutent toute croyance en