Guillot, alors que personne, jusqu’à ce jour, n’en avait eu l’idée.
Quand j’appris que le décret qui le nommait chevalier de la Légion d’honneur était signé, je lui portai cette bonne nouvelle. Saisi d’une grande émotion, il me dit d’une voix entrecoupée par les sanglots : « Ai-je donc mérité la croix ? » Et il me serra en pleurant dans ses bras.
Le souvenir de cette scène, ai-je besoin de vous le dire, Messieurs ? restera profondément gravé dans ma mémoire tit dans mon cœur.
Quant à vous, Messieurs, qui entourez cette tombe, vous avez raison de verser des larmes. De longtemps vous n’aurez à pleurer un pareil homme de bien : car, si François Guillot eût vécu dans l’antiquité, la Grèce l’aurait mis au rang de ses Sages.
Adieu, cher ami ! adieu, Guillot !
M. Ducher, conseiller général, eut l’oraison funèbre presque aussi éloquente.
Il m’a paru que nous ne pouvions pas laisser la terre se refermer sur l’homme de bien que nous accompagnons aujourd’hui au seuil du néant, sans qu’une voix se fît entendre sur sa tombe au nom du Conseil général de l’Ain, où M. François Guillot tenait une si digne et si large place.
Permettez-moi donc, Messieurs, à moi, le plus humble entre tous, de redire à la population éplorée de cette ville que si la perte qu’elle fait en ce jour est immense autant que difficile, j’allais presque dire impossible à réparer, vous n’êtes pas, loin de là ! seuls à la ressentir.
Ah ! c’est que notre collègue, notre ami Guillot, n’était pas seulement un citoyen éclairé, intègre et dévoué ; il n’était pas seulement un père de famille bon, aimé et respecté des siens ; il n’était pas seulement le premier magistrat d’une cité : M. Guillot était le conseiller, le protecteur, l’ami de tous, du petit comme du grand, du pauvre comme du riche ; son action bienfaisante et généreuse ne connaissait pas de limites : elle s’étendait non seulement