Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/498

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L’artiste était David[1], la femme était Mme Jullien.

Jullien, terrorisé par cette gracieuse compagne, vota la mort de Louis XVI, en assurant qu’il avait toujours haï le roi et que « son humanité éclairée, ayant écouté la voix de la justice, lui ordonnait de prononcer la mort. »

Le fils chassait de race. Qu’on se figure Gilles ou Abadie investis de l’autorité d’un proconsul, et l’on aura l’idée de ce que fut Jullien fils : « Rien, dit le Dictionnaire biographique des hommes marquants de la fin du dix-huitième siècle, ne peut rendre son exaltation fanatique, son goût pour les supplices et son idolâtrie pour la guillotine qu’il appelait « le purgatif des royalistes ». On l’envoya à dix-neuf ans remplacer à Bordeaux, Tallien et Ysabeau, que l’on trouvait trop tièdes ; et ce gamin féroce justifia les espérances du Comité de Salut public. On l’entendit un jour, raconte Prudhomme, s’écrier dans la Société populaire que « si le lait était la nourriture des vieillards, le sang était celle des enfants de la liberté qui reposent sur un lit de cadavres ».

Les lettres que cet éphèbe sanguinaire, qu’on appelait l’espion morveux de Robespierre, écrivait à son maitre figurent dans les Papiers saisis chez Robespierre.

Quelques-unes sont des chefs-d’œuvre de précoce perfidie. Ce tigre était aussi mouton. Il éprouve un

  1. Ce dessin faisait partie de la collection Hennin à la Bibliothèque nationale. Au-dessus, on lit cette note de la main de M, Hennin : « Portrait de Marie-Antoinette, reine de France, conduite au supplice, dessiné à la plume par David, spectateur du convoi et placé à une fenêtre avec la citoyenne Jullien, femme du représentant Jullien. Copié sur l’original existant dans la collection Soulavie. »