Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/508

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rude qu’à des natures moins cultivées, ces enfants d’employés, de vieux soldats, de bourgeois, auront bien des tentations. Pourquoi ne pas leur mettre au cœur une de ces croyances qui soutiennent dans la vie, un idéal qui élève, qui console, qui empêche les défaillances ? »

L’autre sourit de cet air impertinent et fat qui a fini par dégoûter jusqu’aux électeurs de Saint-Denis. Après boire, il avoue sa pensée secrète. À ces banquiers, à ces enrichis d’hier, à ces Juifs frottés de civilisation, ne faut-il pas des compagnes de la main gauche qui puissent les distraire, des Klipolh (filles non juives), qui soient en état de bercer ces hypocondres, comme David apaisait avec sa harpe la démence de Saül ?

Chair à impôt, chair à plaisir, chair à canon, n’est-ce pas la destinée du Chrétien, de sa fille, de ses sœurs ? Voilà pourquoi l’on peut hardiment écrire École des filles sur le fronton de ces lycées, d’où sortiront tant d’infortunées, trop peu religieuses pour qu’un honnête foyer s’ouvre devant elles, trop instruites pour se contenter de la misérable condition faite aux femmes dans notre société désorganisée…

Dans le journal de Valentin Simond, l’Écho de Paris, un ancien soldat de la Commune, M. Edmond Lepelletier, en constatant que cinquante mille jeunes filles, dont trois mille seulement avaient été reçues, s’étaient présentées en une année aux examens d’institutrice, traçait de l’existence de ces malheureuses Klipoth un tableau instructif, malgré sa forme brutalement réaliste.


Et elles se ruent, écrivait-il, les malheureuses, à l’assaut des places promises. On en a distribué, l’an dernier, trois mille. C’est beaucoup, direz-vous ? Hélas ! les demandes s’élevaient à cinquante mille. Que feront, que font actuellement, sans parler de celles qui ont échoué à l’examen,