Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/567

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n’avaient fait que du bien à tous. Bref, lâche comme tous ces pareils, il avait une peur du diable.

Voyant les hésitations du personnage, M. Bertrand lui dit : « Déjeunons d’abord ! » Convaincu, — et cette opinion fait honneur à son intelligence — que le bonheur de la France ne dépendait pas de l’expulsion de trois religieux, qui ne descendaient pas au village une fois par mois, le maire espérait peut-être que le sous-préfet oublierait à table la vilaine besogne qui l’amenait, et que tout resterait en l’état.

On déjeuna, comme on déjeune dans le Forez ; et, à la tombée du jour, après le Champagne, l’administrateur républicain était fin saoul — c’est l’expression usitée dans le pays. On l’expédia tant bien que mal vers sa résidence ; et les gens de l’endroit, qui ont la tête solide, allèrent deviser chez Ésope de la supériorité morale des fonctionnaires de la démocratie sur les suppôts de la tyrannie.

Malheureusement, cette fois. Raton, le sous-préfet, avait été plus malin que Bertrand, le maire. Entre deux rasades, sans qu’on puisse savoir à quel moment, il avait ordonné à un gendarme, du nom de Tarbouriech, d’exécuter ce qu’il n osait entreprendre lui-même, et d’aller jeter les religieux hors de chez eux, pendant qu’il continuerait à fêter la dive bouteille et à faire l’éloge de la liberté.

Tarbouriech partit flanqué d’un compagnon, et n’eut pas la main tendre. Des trois religieux, un resta pour garder l’immeuble ; un autre se dirigea vers le château de M. de Barante, où une retraite lui avait été préparée ; le troisième s’achemina vers Verrines, un village au-dessous de la montagne, où il devait également trouver un asile.

Celui-là s’appelait le P. Corentin. Il avait soixante--