Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/579

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l’étonnement éprouvé par un chef de service d’hôpital, en constatant que ses prescriptions sont exécutées absolument à rebours : à un malade auquel il ordonnait du vin, on donnait du lait. A une demande d’explication, le directeur répondit par une prière de vouloir bien diminuer, de la moitié ou au moins du tiers, la quantité du vin prescrit, en alléguant comme excuse la situation financière de l’Assistance.


VIII


Voilà où Quentin en était arrivé, avec un budget de trente-quatre millions ! Où cela passe-t-il ?

Le vol est partout. On s’aperçoit un beau matin que la quinine ne guérit plus, et un procès révèle que l’administration de l’Assistance publique a patriotiquement traité avec une fabrique italienne fusionnée avec une compagnie allemande, qui remplace le sulfate de quinine par de la cinchonine[1].

Il n’y a plus ni discipline ni contrôle. Le National est obligé de reconnaître que Quentin « distribue des

  1. On comprend l’horreur qu’éprouve maintenant pour les hôpitaux ce peuple de Paris, qui autrefois avait une égale confiance dans la science des maîtres et dans le dévouement du personnel. Pendant le choléra, les infortunés, croyant que tout avait été laïcisé, n’osaient pas avouer qu’ils étaient malades, dans la crainte d’être livrés au personnel choisi par Quentin, et demandaient en grâce aux médecins de ne pas les trahir, Rue de Nevers, un infirmier qui, appuyé par des agents, venait s’emparer d’un malade, fut à demi assommé par les voisins.
      Je ne sais rien de navrant comme la fuite éperdue de deux malheureux de mon quartier. Le médecin qui les soignait, avait dû révéler au commissaire Bugnottet que la femme était atteinte du choléra… Alors la pauvre femme, prévenue qu’elle allait être enlevée de force, supplia son mari de l’arracher à ce supplice ; et voilà ces doux êtres, la femme agonisante, l’homme fou de