Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/586

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des vieillards de l’avenue de Breteuil recevait autrefois tous les jours une certaine quantité de vivres provenant du collège Chaptal. Mais, il y a deux ans, sur la proposition faite au Conseil municipal par le colonel Martin, ancien lieutenant-colonel des dragons de l’Impératrice, ce supplément de nourriture a été supprimé à l’hospice, et n’a pas été remplacé : de sorte qu’actuellement ces pauvres vieillards n’ont absolument pour vivre que leur ration réglementaire, qui est des plus maigres. Aussi n’est-il pas surprenant que le fléau fasse parmi eux de nombreuses victimes.


Le colonel Martin, dans une guerre où tant de fautes furent commises, mais où le courage des officiers et des soldats ne fut contesté par personne, est le seul qui ait été convaincu de lâcheté devant l’ennemi. Le général Lebrun a raconté le fait tout au long dans son livre Bazeilles-Sedan.

Le 29 août, à Mouzon, au moment où le 5 corps était écrasé, le général de Failly aperçut quelque cavalerie parmi les troupes du général Granchamp ; il dépèche tout aussitôt vers les régiments du général de Béville un de ses aides de camp, le commandant Haillot, avec mission d’inviter les officiers qui les commandaient à exécuter une charge sur le flanc gauche de son corps d’armée, pour dégager le flanc qui était en ce moment très engagé avec l’ennemi. Le premier des régiments que le commandant Haillot atteignit, était le 6e régiment de cuirassiers.

Le colonel de ce régiment, qui était notre Martin, au lieu de se mettre à cheval pour charger, trouva l’occasion opportune pour se mettre à cheval… sur les principes de la hiérarchie, et protesta qu’il n’avait d’ordre à recevoir que de ses chefs directs.

Tandis que les officiers du 6e régiment, désespérés de leur inaction, se détournaient avec mépris de leur