Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/135

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elle manie l’or à pleines mains, elle reçoit les hommes, politiques, les écrivains, les artistes d’un certain ordre dans cette demeure féerique des Champs-Élysées dont les splendeurs n’ont d’égales que celles de la terre seigneuriale de Pontchartrain. Avec l’intelligence de sa race que doublent le ressentiment et la haine, elle organise, quelque temps avant la guerre, l’espionnage prussien contre nous, ce que lui rendent facile ses relations avec beaucoup de célébrités politiques qui venaient raconter là nos affaires en dînant. Elle a préparé la ruine de l’Empire, elle s’élève tandis qu’il s’effondre, la voilà comtesse Henkel de Donnesmarck, achetant les diamants de cette impératrice qui l’a repoussée, faisant reconstruire au fond de la Silésie, par Lefuel, l’architecte des palais impériaux, ce château des Tuileries dont elle a été expulsée.

Artiste jusqu’au bout des ongles, cette fille de paysans a l’instinct de toutes les élégances, l’intuition de l’art en ce qu’il a de plus raffiné. Rongée par la névrose, elle ne goûte point un moment de repos au milieu de tous ces enchantements, elle est obsédée par l’idée qu’on veut l’assassiner pour lui voler ses diamants, elle interdit sous peine de renvoi immédiat qu’aucun jardinier se trouve dans son parc lorsqu’elle s’y promène. Cette femme qui a eu faim et qui a appartenu à tous, est plus despote, plus sévère qu’une archiduchesse, elle fait régner dans l’immense personnel de sa domesticité la discipline la plus rigoureuse, elle chasse un jour un malheureux maître d’hôtel qui s’est permis de sourire en entendant un mot spirituel à table. Puis elle meurt à 56 ans, dans ses Tuileries de Silésie, d’une congestion au cerveau.

Rassemblez tous ces traits jetés à la hâte, essayez d’établir un peu d’ordre dans les péripéties de cette carrière