Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/179

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encore à quel point le Juif avait perverti les idées de la noblesse albigeoise.

La noblesse du Midi, qui ne différait guère de la bourgeoisie, était toute composée d’enfants de Juives ou de Sarrasines, gens d’esprit bien différent de la chevalerie ignorante et pieuse du Nord, elle avait pour la seconder et en grande affection les montagnards. Ces routiers maltraitaient les prêtres tout comme les paysans habillaient leurs femmes de vêtements consacrés, battaient les clercs et leur faisaient chanter la messe par dérision. C’était encore un de leurs plaisirs de salir, de briser les images du Christ, de leur casser les bras et les jambes. Ils étaient chers aux princes précisément à cause de leur impiété qui les rendait insensibles aux censures ecclésiastiques. Impies comme nos modernes et farouches comme les barbares, ils pesaient cruellement sur le pays, volant, rançonnant, égorgeant au hasard, faisant une guerre effroyable. Les femmes les plus haut placées avaient l’esprit aussi corrompu que leurs maris ou leurs pères, et les poésies des troubadours n’étaient que des impiétés amoureuses[1].

Pierre le Vénérable, abbé de Cluny qui, soixante ans avant la Croisade, avait été envoyé par le Souverain Pontife auprès des Albigeois avec les seules armes de la persuasion, pour les convertir, fait allusion à des faits qui semblent d’hier ou d’aujourd’hui : « J’ai vu, écrivait-il aux évêques d’Embrun, de Die et de Gap, par un crime inouï chez les chrétiens, profaner les églises, renverser les autels, brûler les croix, fouetter les prêtres, emprisonner les moines, les contraindre à prendre des femmes par les menaces et les tourments. » Parlant ensuite à ces héréti-

  1. Le comte Charles Il de Provence bannit les juifs de ses États a cause de leurs usures, de leurs scandales, « et quia cum multis mulieribus christianis se nefarie commisceb int (Arch. nat. P. 1334, ne 1, fe 9).