œuvre a la couleur juive, elle est jaune de ce jaune ardent et chaud qui semble comme le reflet de l’or jouant sur une vieille rouelle du moyen âge oubliée dans un coin.
« Qu’ils sont parlants ces Juifs de Rembrandt causant d’affaires au sortir de la synagogue, s’entretenant du cours du florin ou du dernier envoi de Batavia, ces voyageurs qui cheminent leur bâton à la main avec des airs de Juifs errants qui sentent qu’ils vont arriver et s’asseoir quelque part[1] !
- ↑ Une apparition du Juif errant eut lieu en 1650 à Bruxelles et
Rembrandt put être frappé de ce récit. Les bourgeois qui rencontrèrent
l’éternel voyageur le trouvèrent vêtu d’un costume fort délabré, il entra avec
eux dans une auberge, il y but mais refusa de s’asseoir. On l’avait vu le 14
janvier 1603 à Lubeck, et la même année à Nuremberg où il assista à un
sermon. Matthieu Paris, un des premiers qui ait donné des détails sur ce
personnage légendaire, a reproduit le récit qu’un archevêque d’Arménie lui
avait fait en présence d’un chevalier d’Antioche. Ce récit diffère de la
version populaire en plusieurs points. D’après lui, Cartaphile, portier du
prétoire de Ponce-Pilate qui, saisissant le moment où Jésus passait le seuil
de la porte, l’aurait frappé avec mépris d’un coup de poing dans le dos en lui
criant : « Va donc, Jésus, va donc plus vite, qu’attends tu ? » aurait été
baptisé et appelé Joseph par Anania, qui baptisa saint Paul, il vivrait
ordinairement en Arménie.
La dernière apparition du Juif errant remonte à 1774. C’est de cette époque que date la gravure populaire que tout le monde connaît : « ornée du portrait dessiné d’après nature par les bourgeois de Bruxelles. »
Le vingt-quatrième couplet, dans sa triviale naïveté, résume admirablement le caractère du Juif :Messieurs, le temps me presse.
Adieu la compagnie,
Grâce à vos petitesses !
Je vous en remercie,
Je suis trop tourmenté
Quand je suis arrêté.Je ne vois pas trop ce que les penseurs et les historiens ajouteraient à cette confession sincère. Tourmenté et tourmenteur dès qu’il est