Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/258

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Si la pratique était dangereuse partout, elle serait encore plus funeste dans cette ville de Paris. Quel théâtre pour la cupidité ! Quelle facilité pour les opérations de leur goût ! Les lois les plus vigoureuses qu’on pourrait opposer à leur admission, toute la vigilance des magistrats de police, les soins particuliers que le corps de ville prendrait pour seconder les vues de l’administration, rien ne serait capable de prévenir les actes fréquents et momentanés de leur cupidité. Il serait impossible de les suivre dans leur route oblique et ténébreuse.

Citons encore la conclusion prophétique de ce mémoire, vrai chef-d’œuvre de raison où l’on sent bien l’âme loyale et patriotique de nos ancêtres :

On demandait à un ancien philosophe d’où il était, il répondit qu’il était cosmopolite, c’est-à-dire citoyen de l’univers. Je préfère, disait un autre, ma famille à moi, ma patrie à ma famille, et le genre humain à ma patrie. Que les défenseurs des juifs ne s’y méprennent pas ! Les juifs ne sont pas cosmopolites, ils ne sont citoyens dans aucun endroit de l’univers, ils se préfèrent à tout le genre humain, ils en sont les ennemis secrets puisqu’ils se proposent de l’asservir un jour.

Ces protestations indignées eurent gain de cause. Un premier arrêt, il est vrai, daté du 25 juillet 1775, avait accordé la mainlevée de marchandises saisies par les gardes des draperies et merceries de Paris chez le Juif Perpignan, et avait permis aux Juifs de continuer leur commerce, mais le Conseil réforma cette décision et un arrêt du 7 février 1777 débouta définitivement les Juifs.

Les Juifs avaient été défendus par Lacretelle, mais il faut avouer qu’ils avaient choisi là un singulier défenseur.

Ce peuple, écrivait-il[1], familier avec le mépris, fait de la bassesse la voie de sa fortune, incapable de tout ce qui demande

  1. Plaidoyer pour Moise Gay, Godechaux et Abraham Lévy, Juifs de Metz.