Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/436

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de tout ce monde qui criait tant contre la corruption des tyrans. Nous avons constaté, en parlant du gouvernement de la Défense nationale, que la France, sous le rapport des garanties et des droits, avait rétrogradé au delà des tribus Cafres, puisqu’on disposait du sang de ses enfants, de son argent, de ses destinées, sans daigner la consulter. Sous le rapport moral, c’est la lapinière qui parait être le modèle de la haute démocratie française dont des circonstances exceptionnelles mettent en pleine lumière la vie privée.

Cette lapinière a cependant un caractère, particulier, c’est une lapinière dans une étude de procureur, dans un cabinet d’homme de loi, le clapier témoin de ces amours semble être un carton vert. Jules Favre ne se contente pas d’avoir des enfants naturels, il s’ingénie à les faire entrer de force dans le cadre normal, il torture le code à propos d’eux, il commet des faux, il fait fusiller Millière qui a dénoncé ces infamies, il séquestre pendant trois mois, dans la maison de détention Versailles, l’infortuné Laluyé qui connaît trop de secrets intimes pour qu’on le laisse vivre et qui en effet finit par succomber aux mauvais traitements dans une autre prison[1].

Tout ce monde, amis ou ennemis, se tient ainsi par des histoires de doubles ménages, d’adultères entrecroisés, de fils supposés, de précautions légales prises pour transmettre une fortune, un nom, un titre parfois.

À tous ces trafics honteux, à ces marchandages, à ces

  1. Laluyé, qui vivait tranquillement à Rueil, et contre lequel on ne put absolument relever aucune charge, fut détenu administrativement pendent trois mois. Voilà comment se comportait au pouvoir ce Jules Favre qui, sous l’Empire, avait toujours le mot de vertu en bouche.