Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/458

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Le pauvre ambassadeur, qui sent bien que l’affront qu’on lui a fait a été inspiré de Berlin et qu’on obéit à un mot d’ordre de Bleichroeder[1], écrit au duc Decazes :

Il me semble que l’ambassadeur d’Allemagne, engagé à se présenter dans la maison la plus officielle de France, devrait pouvoir compter que les personnes admises, en même temps que lui, à l’hospitalité du chef de l’Etat, soient tenues de ne pas manifester par une attitude d’animosité rancunière et de nonchalance calculée que — pour ce qui le concerne — la paix n’est pas rétablie entre la France et l’Allemagne.

Vous et moi aurions répondu immédiatement : « Monsieur le comte, je suis désolé qu’on ait invité une personne aussi mal élevée, si elle a le malheur de se représenter à l’Élysée, je vous promets de la faire flanquer à la porte par les domestiques. »

L’infortuné Decazes songe à ses actions que Rothschild peut faire baisser le lendemain à la Bourse et il accouche du billet suivant qui, du reste, n’est pas mal tourné :

Paris, le 12 septembre 1873.

C’est au moment où commence mon audience que je reçois, monsieur le comte, votre lettre particulière datée d’hier.

Je ne parviens ni à admettre ou à comprendre qu’une pareille inconvenance ait pu se produire. C’est en vérité, M. le Maréchal,

  1. Les Antécédents du procès d’Arnim, chez Plon.
        A l’occasion du mariage de Mlle Béatrix de Rothschild avec Maurice Ephrussi, M. Bleichroeder envoya, comme cadeau de noces aux jeunes époux, un tableau de Hans Makart, « une allégorie nuptiale très regardée, très commentés, » dit le Gaulois. Allons, tant mieux, notre argent sert à quelque chose !