Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/468

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ments[1]. Bref, on voit cette chose tout à fait falote, Arthur Meyer s’écriant de temps en temps : « Le Roi vient ! Montjoie-Saint-Denis ! En avant les fils des preux ! »

Le pauvre Roi ne songeait pas à venir, il s’en allait au contraire. L’effet que produisit sa mort attesta une fois de plus la place que tenait dans le monde l’idée qu’il représentait. La postérité, sans accepter les hyperboles des journaux boulevardiers, sera respectueuse pour cette figure, elle s’expliquera qu’un tel homme n’ait pas eu le courage de régner sur un peuple qui tue les princes qui ne lui ont fait que du bien et qui adule les tribuns qui l’ont leurré et ruiné.

A des nations chrétiennes, il faut de bons pasteurs de peuples comme furent si longtemps les Bourbons, à des pays affolés et exaspérés par les idées révolutionnaires, il faut des belluaires.

Le comte de Chambord n’était pas de cette race et, tout en encourageant ses partisans dans leurs espérances les plus aventureuses, tout en continuant sans doute de prier pour la France, il s’est peu à peu détaché d’elle. Je dirai presque qu’il s’en est détaché trop, car on eût aimé trouver dans son testament un mot pour tant d’hommes qui avaient défendu sa cause, un remerciement à des écrivains comme ceux de l’Union, un legs, sur 17 millions, pour

  1. Il y eut cependant, quelque temps avant la mort du comte de Chambord, un commencement de conspiration assez sérieusement organisée, ce qui prouve une fois de plus la justesse de ce que nous disions de l’oscillation perpétuelle de cet esprit. S’il eût vécu, le comte de Chambord, qui n’aurait eu qu’à vouloir pour régner et qui n’avait pas su vouloir, aurait probablement essayé, par scrupule de conscience, de revenir par une échauffourée.