Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/470

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Toutes les fois qu’il fallut agir ou qu’on leur proposa d’agir pour eux, les hommes du Seize Mai reculèrent. M. Oscar de Vallée me racontait, à ce sujet, un détail qui a son intérêt. On avait annoncé dans le Français sa nomination comme procureur général à la cour de Paris. « Je suis prêt à accepter, dit-il à M. Brunet, mais je vous préviens que mon premier acte de magistrat sera de faire arrêter M. Gambetta et son fameux comité[1]. »

Le gouvernement ne pensait guère à cela. Ces prétendus catholiques, que nous avons vus si durs pour les pauvres diables de la Commune, tremblaient devant cet Italien factieux.

Le vrai coupable, cependant, ce fut le maréchal Mac-Mahon. Il avait lui-même pris l’initiative du Seize Mai que

    de l’audace, en interdisant la vente du Petit Journal dans les gares, se retrouvait à la tribune, il répondait très fièrement aux menaces de la gauche victorieuse : « Si j’avais fait tout mon devoir, vous ne seriez pas ici. » Ce n’est pas un des moindres inconvénients du système parlementaire, que de donner la direction des affaires à des hommes qui n’ont qu’un courage tout verbal, qui s’imaginent, selon le mot de Guizot, « avoir agi quand ils ont parlé. » A part quelques exceptions, l’assurance à la tribune et l’énergie dans l’action s’excluent entre elles. Bonaparte faillit se trouver mal quand, en entrant dans la salle de l’Orangerie, il aperçut trois cents fantoches couverts d’oripeaux grotesques en train de brailler. Morny, lui-même, qui fut si admirable au 2 Décembre, était obligé d’écrire d’avance sur un morceau de papier les moindres paroles qu’il prononçait à la Chambre.

  1. M. Raoul Duval, dont on connait l’énergie, aurait consenti également à prendre le portefeuille de l’intérieur. Il ne demandait qu’à être autorisé à arrêter six cents individus qui, depuis 1870, avaient commis des délits de droit commun, et qui se promenaient tranquillement, comme Challemel Lacour, qui n’a jamais payé les cent mille francs auxquels il avait été condamné pour la part prise par lui dans le pillage de l’établissement de Calluire.