Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/472

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Ces faits m’ont été confirmés par des confidents intimes, par des amis personnels du général, qui l’ont entendu répéter, à cette époque, qu’il acceptait toutes les responsabilités, ils sont, d’ailleurs, de notoriété publique.

— Vous avez cent fois raison, me dit un des hommes les plus activement mêlés à ces événements et qui s’exprime sur le compte du Maréchal en termes que je ne veux pas reproduire, mais vous avez tort d’être aussi net, cela nuira au succès de votre livre dans un certain monde.

Voilà où ils en sont. La vérité les gêne, comme la lumière gêne les malades, il leur faut la veilleuse qui brûle tristement dans la chambre soigneusement calfeutrée.

Il me semble nécessaire, au contraire, que si la France périt on connaisse le nom de celui qui l’a perdue, nécessaire aussi qu’on rende hommage à ce pauvre général Ducrot,

    Lareinty, qui passe, il est pour très versatile et très inconsistant, n’ait été de ceux qui vinrent trouver le Maréchal pour le décider à se remettre aux mains de Dufaure.
        Pour apprécier le rôle véritablement honteux du maréchal Mac-Mahon, sur lequel pèsera une si lourde responsabilité, si la France succombe sous le gouvernement qu’il a laissé s’établir, il faut lire le Journal de dix ans, de M. Eugène Loudun. Il n’est pas de démarche qu’on n’ait tentée, pas d’offre qu’on n’ait faite, pas d’argument qu’on n’ait employé pour exciter le Maréchal à agir. Tout fut inutile.
        M. Rouher disait à ce sujet à M. Eugène Loudun :
        « Le Maréchal est une nullité. Vous avez dit qu’il était déconsidéré, méprisé, je le lui ai dit moi-même, il y a quatre ans : « Vous pouvez être Cromwell on Monck, si vous êtes Cromwell, montrez-le, nous verrons si nous devons vous suivre. Il est plus facile et plus digne de vous d’être Monck, mais, si vous n’êtes ni l’un ni l’autre, vous serez méprisé par l’histoire. » Aujourd’hui, il n’a été ni l’un ni l’autre, et il continue à se traîner sans autre idée que de rester où il est. Parfois, il est fort ennuyé et même effrayé, et il pleure, il a pleuré encore en novembre, mais cela ne même à rien. »