Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/483

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1883, l’Alliance israélite eut le crédit de retirer l’ancien ministre de l’oubli méprisant dans lequel il était tombé, pour l’envoyer en Russie plaider, avec l’autorité qui peut s’attacher encore au titre d’ambassadeur de France, la cause des Israélites de Russie.

M. Jules Delafosse prononça à cette occasion un discours d’un admirable patriotisme. Laissant toute question politique de côté, il se plaça seulement sur le terrain des intérêts français, il rappela que M. Waddington inféodé à l’Angleterre avait contrecarré au congrès de Berlin tous les projets du seul allié sur lequel nous pouvions compter ; il demanda qu’à cette cérémonie où les nations étrangères déployaient toutes leurs pompes, la France fût représentée par un de ses vrais enfants, par quelque glorieux soldat.

Tout fut inutile. L’Alliance israélite avait parlé, on couvrait la voix de l’orateur, et, des tribunes, on entendait les députés crier en riant : l’Anglais ! l’Anglais.

Waddington s’en alla à Moscou promener à nos dépens sa noblesse de carte de visite et son écusson grotesque où figuraient des fleurs de lis sous une hache d’armes, avec cette devise qui, pour un si oblique personnage, a l’air d’une raillerie : Loyauté !

Pendant son ambassade en Russie, Waddington, convaincu qu’on peut tout se permettre avec nous, fut énorme d’aplomb. Pour empêcher tout rapprochement avec la Russie, l’Allemagne désirait que nous fissions une avanie au gouvernement du czar. Waddington y consentit volontiers et, dans le grand bal officiel qu’il donna, il ne daigna pas inviter le ministre des affaires étrangères, M. de Giers.

Ce fait, que mes lecteurs m’accuseraient peut-être d’inventer par esprit de parti, est absolument authentique, il est mentionné notamment dans le Gaulois du 22 juin