Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/494

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desquels il va si souvent demander le calme des méditations, dut certainement considérer longtemps les cinq ou six hypothèses probables.

La France pouvait avoir un réveil comme elle en eut un avec Jeanne d’Arc, se relever brusquement au moment d’expirer, rejeter violemment les traîtres qui l’avaient fait rouler si bas, appeler le Roi à son secours et gagner une suprême bataille.

L’Europe pouvait s’opposer à une destruction totale et exiger qu’il y eût une France. Quelque réduite qu’elle eût été, cette nation éclairée enfin, reconnaissant les auteurs de ses maux, ayant une même foi et une même pensée, était plus dangereuse que cette masse énorme, accessible à tout venant, flottant à tout vent, dirigée par quelques vulgaires tripoteurs, où nul lien n’est plus là pour réunir les citoyens en un faisceau serré, où les secrets d’État sont les secrets de tous les Polichinelles de la Chambre, de la Bourse ou de la rue.

Une France mise à la chaîne des Juifs pour payer la rançon offrait un autre danger et Bismarck qui, après le Culturkampf, avait trouvé après tout qu’il était moins humiliant d’aller à Canossa qu’à Jérusalem, ne se souciait pas de donner à cette race envahissante et malfaisante une si formidable puissance.

Si les Polonais errants avaient troublé l’Europe qui avait si bassement laissé égorger la nation qui l’avait sauvée tant de fois, quels germes d’agitation ne porteraient pas partout les Français désormais sans Patrie[1] ?

  1. Toutes ces grandes questions sociales, absolument étrangères à nos politiciens français, sont familières aux hommes d’État allemands. Au mois de juillet 1854, M. de Moltke publiait dans la Revue illustrée