Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/508

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campagne, le matin, le soir, aux Variétés et aux Boutres, à la Petite Mariée et à la Mascotte. Au Salon, à côté de vieux soldats qui ont vingt campagnes, dix blessures, il se fait peindre par Neuville, la capote enroulée autour du corps, portant dans des étuis de cuir toutes sortes d’instruments, des cartouches, des lorgnettes, un revolver.

Croyait-il vraiment que Gambetta, à la bataille du Mans, avait chargé seul en criant aux fuyards : « Retournez-vous au moins pour voir comment meurt votre général ! » Était il convaincu que, pareil à Jean le Bon, à Poitiers, le chef du gouvernement de la Défense nationale avait combattu deux heures sur un monceau de morts, seul, superbe, fou de douleur et de courage,

Ne gardant qu’un tronçon de trois grandes épées.

Je n’en sais rien, le fait est qu’il parlait de ce Vitellius déclamatoire, comme on ne parlerait ni du Brutus de Philippes, ni du François 1er de Pavie.

    proteste avec énergie. Déroulède promet de rayer son nom et n’en fait rien. Finalement, en août 1885, M. Rotban est expulsé de sa propriété de la Lutterbach, en Alsace, ou il composait tranquillement des livres qui auraient pu nous instruire tandis que Déroulède se promène triomphalement sur le boulevard, enchanté d’avoir fait encore une fois du bruit sur le dos des autres.
        Partout le sauteur apparaît. Au mois d’octobre, Déroulède écrit : « Quelles que soient mes opinions personnelles, j’ai refusé de laisser inscrire mon nom sur aucune liste, parce que la cause que je sers et que je ne veux pas abandonner me défend d’être le candidat d’aucun parti. » Six semaines après, il demande à être porté sur la liste opportuniste et, pour donner un gage à ses méprisables amis, il enchérit sur Goblet, qui enlève leur pain à de pauvres curés de 80 ans, il demande qu’on leur enlève aussi le droit de vote, qu’on en fasse de véritables parias.