Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/531

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Voix à gauche et à droite : Ces messieurs rient !

M. le président. — Veuillez, messieurs, garder le silence.

M. Raoul Duval. — Il y a des indignations qui ne peuvent être contenues : M. le président du conseil riait ! (Applaudissements à droite.)

M. Clemenceau. — Oui, des accusés de haute trahison, sur qui, s’il y a un principe de justice en France, la main de la loi s’étendra avant longtemps. (Nouveaux applaudissements à gauche.

M. Gaillard (Vaucluse). — Je constate que M. Jules Ferry rit encore. (Bruit.)

La chute de Ferry est une page d’histoire à regarder, et cette date du 29 mars, qui vit l’effondrement de l’homme des décrets, vaut la peine qu’on s’y arrête.

Sous l’émotion causée par la nouvelle du désastre de Lang Son, cette société, brusquement réveillée, se montra telle qu’elle est comme une de ces vieilles, qu’on rencontre la veille, élégantes encore sous le fard et qui, aux cris : au feu ! Se précipitent dans un escalier et se révèlent ce qu’elles sont réellement, horribles à voir, ridées partout comme de vieilles pommes, cadavéreuses.

Le Paris qu’on aperçut à ce moment nous offre l’image navrante de ce que serait la capitale après une première défaite, même insignifiante, dans une guerre avec l’Allemagne. Il n’y a plus d’autorité, plus de gouvernement, il n’y a plus rien, tout est par terre.

Un seul mot de vérité suffit à frapper à mort cet opportunisme qui avait constamment vécu par le mensonge, qui avait érigé l’imposture en système. Cette vérité, comment Ferry l’a-t-il dit ? Pourquoi ne cacha-t il pas cette dépêche comme il avait caché les précédentes ? Il eut peur. Cet avocat sinistre, qui a tué plus d’hommes qu’un conquérant, qui a tué par la famine savamment organisée pendant le siège, qui a tué par les cours martiales, en 1871, qui a tué