Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/532

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par la Tunisie et le Tonkin est obsédé comme par un fantôme, de l’idée fixe qu’il tombera un jour vivant entre les mains du peuple et qu’il payera tout le mal qu’il a fait. Au reçu de la dépêche il se crut perdu et il lâcha tout.

Les masses semblent, ce jour-là, avoir été désarmées par le dégoût. C’est dans ces heures nerveuses, où tout le mouvement de la cité est sur le Forum, où journalistes, compositeurs, mécaniciens, brocheuses, marchandes de journaux, causent pêle-mêle au milieu des imprimeries, que l’on voit combien le peuple a conservé de beaux côtés. Il a l’intuition soudaine des vraies responsabilités. Les ouvriers n’avaient pas lu le Times, qui constatait que c’était les Rothschild qui s’étaient chargés de l’emprunt chinois et avaient fourni ainsi des armes contre nous. Spontanément cependant des groupes se forment dès onze heures du matin, à l’angle de la rue Laffitte et de la rue Lafayette. On s’indigne, on discute bruyamment, on crie : « Chez Rothschild ! chez Rothschild ! »

« Heureusement, dit le Gaulois, d’autres personnes interviennent et dissuadent la foule de mettre ce projet à exécution. »

Sans partager l’opinion du journal juif, il faut noter cette manifestation presque instinctive qui est comme le cri de la conscience publique, un moment lucide, et que les journaux endorment bien vite.

Quel foyer de patriotisme existe encore chez ce peuple qui ne lit que des journaux où l’on déclare que la Patrie n’est qu’un vain mot ! Comme ces prolétaires communient vraiment par la pensée avec nos infortunés soldats perdus à des milliers de lieues de la France, entourés de hordes innombrables, noyés dans des flots de barbares !

De quelle voix poignante on interroge les journalistes qu’on s’ima-