Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/553

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Parmi tant de portraits, en existe-t-il un seul qui donne une idée complète de l’homme dont l’incompréhensible et extraordinaire fortune sera un perpétuel sujet d’étonnement pour l’histoire ? Je ne le crois pas. Est-ce donc que cette figure demande l’analyse pénétrante et subtile d’un Carlyle ou d’un Taine ? Assurément non. Malgré ses roueries et ses finesses, cet être est trop grossier pour ne pas être relativement aisé à saisir. Il faut seulement bien voir les deux éléments dont il se compose : c’est un Juif et c’est un Empereur ; un Juif modernisé, croisé et métissé tant que vous voudrez, un tempérament d’Empereur de l’ordre le plus vil et le plus bas, je vous l’accorde, mais enfin c’est l’un et l’autre.

Quand Rome eut conquis le monde, le monde conquit Rome, Rome eut successivement des Empereurs espagnols et des Empereurs africains ; elle eut des Empereurs gaulois qui mangeaient un bœuf à leur souper, et des Empereurs thraces qui abattaient d’un coup de poing les chefs de cohortes qui déplaisaient. Elle eut un Empereur syrien, l’Héliogabale de seize ans, qui, constamment vêtu en femme, les bras chargés de bracelets, présidait, dans sa longue robe traînante à la phénicienne, au mariage de la Pierre Noire avec la Lune. Quoique le fils de Sœmias fût circoncis, Rome n’eut point d’Empereur juif. Gambetta fut un instant cet Empereur. Ce n’est point un César déclassé précisément, c’est un César oublié qui avait manqué son entrée et qui a repris son tour dans le hasard d’un interrègne.