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la france juive

Pour le bien comprendre, il faut se figurer une manière de Barabbas, Barabbas gracié, devenu préfet du Prétoire un beau matin, au milieu d’une bagarre, et se faisant adjuger la pourpre à force de bagout.

Cette sorte de réapparition tardive d’un type lointain est curieuse et vaut la peine qu’on examine bien l’évolution du personnage.

La foudre ne gronde pas autour de ce berceau le jour de la naissance, mais l’origine est intéressante. Gambetta ne naît pas de parents étrangers, car, somme toute, être étranger dans un pays, c’est avoir une Patrie quelque part ; il a pour générateurs des forains. À la suite du remuement des peuples par la Révolution française, certains Juifs, ainsi que nous l’avons expliqué, se mirent à parcourir l’Europe, cherchant çà et là où s’établir. Un Juif wurtembergeois, A. Gamberlé, se fixa à Gênes au temps du blocus continental, fit le commerce des cafés et la contrebande, épousa une Juive du pays dont un des parents avait été pendu et italianisa alors son nom, en s’appelant Gambetta[1]. Le fils ou le petit-fils vint en France, s’établit à Cahors, et nous donna le grand homme qui n’eut jamais absolument rien de français, pas même le style.

Est-il Hébreu, Génois, Illyrien, Dalmate,
Italien, Bohême, Hellène ou Prussien ?
D’où vient-il ? Entre nous, lui-même n’en sait rien.

  1. Voir à ce sujet un étrange volume dont nous avons déjà parlé, le Judaïsme en France, publié à Stuttgard en 1872, ouvrage presque introuvable, les Juifs eu ayant fait disparaître tous les exemplaires, qui contient de très curieux renseignements sur le mouvement juif en France, et particulièrement sur le rôle joué par Mgr Bauer.

    Les Archives israélites nous ont conservé un joli mot du prince de