Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/560

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
536
la france juive

Sylla offrait tranquillement un sacrifice à la Fortune lorsque autour du temple retentirent soudain de grands cris. — Ce n’est rien, dit-il, à ceux qui l’entouraient, c’est trente mille Marianistes qu’on égorge. À l’abri, lui aussi, dans le temple de la Fortune, Gambetta montra la même impassibilité avant et pendant les journées de Mai, avec cette différence que ce n’étaient pas ses ennemis qu’on égorgeait, mais ses amis, ses électeurs, ces plébéiens illusionnaires qui, de bonne foi, avaient cru en lui. Peu brave de sa nature, il eut, dit-on, une crise en quittant le sol espagnol. Son sort, en effet, était aux mains de la majorité ; il semblait véritablement insensé d’espérer que cette majorité ne demandât pas de comptes à un homme qui, sans mandat aucun, s’était constitué le maître de la France.

Cette espérance insensée se réalisa cependant. Jamais les actes du gouvernement de la Défense nationale ne furent discutés. On accepta les histoires les plus invraisemblables qu’il plut à Gambetta de raconter ; la légende notamment des pièces de comptabilité qu’on aurait justement choisi l’époque du 18 Mars pour envoyer à Paris, et qui auraient été détruites dans l’incendie du ministère des finances ; le récit du second incendie, en chemin de fer, celui-là, d’autres pièces qu’on se hâtait également d’envoyer à Paris. On ratifia le paiement d’une somme de 75,138,978 francs pour lesquels on n’apportait aucune justification, absolument aucune. On n’eut pas même l’idée de dire : « Il y a des gens qui ont payé et d’autres qui ont reçu, qu’ils fournissent un duplicata de leurs pièces de comptabilité. »

Cet abandon, par la majorité, des intérêts de la France et des droits de la justice, semblerait invraisemblable, si le rapport de la Cour des comptes du 31 août 1876 n’était pas là pour démontrer que ceci est de l’histoire.