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la france juive

doute tous ces cortigiani procédaient de certains personnages de Balzac, ils se rattachaient aux Andoche Finot, aux Werbrust, aux du Tillet, ces cormorans que l’auteur de la Comédie humaine nous montre « éclos dans l’écume de l’océan parisien ». Une pointe de sectaire cependant se mêlait chez eux à l’absence de toute croyance et de tout préjugé. En recueillant partout les petits papiers, en ramassant dans les imprimeries la copie des écrivains, pour en fabriquer plus tard de fausses lettres, ils ne servaient pas seulement un homme, ils servaient une cause ; ils trouvaient parfois une ombre de talent pour insulter de saints religieux ou des petites Sœurs des Pauvres, de la même plume qui venait de vanter les actions d’une société nouvelle.

Tout ce petit groupe haineux et avide crut vraiment, à un moment donné, que la France était conquise. Les excursions dans les départements rappelèrent le célèbre voyage en Achaïe que Néron entreprit lorsqu’il jugea Rome indigne de l’applaudir. Après Cahors, ce fut Lisieux ; partout des scènes d’une indescriptible gaîté signalent ces pérégrinations. Les estrades s’écroulent, les orateurs roulent les uns sur les autres ; la clique claque, on claque la clique. Arnaud de l’Ariège, qui veut faire oublier, par l’exagération de son zèle, qu’il n’est pas d’origine juive, menace de la

    qu’il écrivit ce mot fameux : « M. Dupuis trouve que les députés sont trop chers. »

    Les prix, paraît il, ont baissé depuis. Je puis ajouter que c’est à M. Gal, l’aimable directeur de la Liberté, que Mlle Valtesse était venue tout d’abord confier ses projets de colonisation. Gal, qui est du Midi, mais du Midi fin, éconduisit sagement la visiteuse en lui disant gentiment : « Allez voir Gambetta, mon enfant, vous trouverez là tout ce qu’il vous faut. »