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gambetta et sa cour

main un reporter qui, coram populo, corrige immédiatement le cubicularius. La musique électrisée, qui croit que c’est dans le programme, attaque énergiquement la Marseillaise, pendant que Spuller, tout meurtri de sa chute de l’estrade, se met tout à coup à commencer un discours en allemand..…

Le désordre est tel en France, l’entraînement vers la servitude si irrésistible, l’amour d’une autorité quelle qu’elle soit si profondément invétéré qu’on rend spontanément des honneurs souverains à un homme qui n’y a pas plus droit que le premier député venu.

S’il y avait eu une ombre d’organisation dans le pays, pensez-vous qu’on eût gardé dans les cadres de l’armée îe général qui, commandant à Cahors, se permettait, au mépris de tous les règlements, de faire prendre les armes à la garnison pour former la haie devant un citoyen qui n’était plus même président de la Chambre, puisque la session était close ?

Pourquoi ce général faisait-il cela ? Tout bonnement, parce qu’il était prêt à obéir à n’importe qui.

Au moment du vote du scrutin de liste par la Chambre, Gambetta exerçait véritablement l’impérium. Il régnait derrière le président Judith, qu’on n’avait choisi qu’à cause de son nom, et qui, après avoir brisé les crucifix dans sa jeunesse, regardait en souriant, dans sa vieillesse, d’autres les briser à sa place. Les invitations aux légendaires déjeuners de Trompette étaient aussi recherchées que l’eussent été des invitations au Palatin : la terre, à dix-huit cents ans de distance, revoyait cette chose étrange, avilissante et très folle aussi qui avait été le bas empire. Il y eut, en effet dans tout ce que faisait Gambetta, un côté fantaisiste, imprévu, extravagant, histrionnesque, méprisant pour