Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/580

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
556
la france juive

hontes, eut un éclair d’indignation, un élan de généreuse colère.

« Tirez le rideau, la farce est jouée ! » aurait pu dire le nouvel Auguste, s’il avait eu la force de parler, pendant que les fidèles tiraient à la hâte une portière qui devait protéger sa fuite. Mais le maître n’avait pas l’esprit à des réminiscences classiques. Pris d’un accident, habituel à Cléon, s’il faut en croire Aristophane, il souillait les coussins du beau coupé qui courait à fond de train sur le dur pavé des rues populaires. Il allait, il allait le coupé et les lanternes de cristal jetaient, en passant, sur l’angle noir d’un mur, sur les vitres d’un cabaret suspect, sur la fille debout près d’une borne, des clartés étincelantes, rapides comme le galop furieux du pur sang. Parfois, on entendait sortir du véhicule des sons gutturaux et inintelligibles. C’était Spuller qui, comme dans toutes les grandes émotions, s’était mis à parler allemand et qui n’interrompait ses lamentations tudesques que pour s’écrier en français : « Cela n’est bas pon ! Cela ne sent bas pon ! »

César, ce jour-là, n’alla pas jusqu’aux Gémonies et ne songea pas à demander à quelque Épaphrodite de lui apprendre comment on se tuait ; il n’en était pas moins blessé à mort[1].

  1. Quelques jours avant cette soirée néfaste pour lui, Gambetta avait eu une parole qui caractérise bien le degré d’orgueil où il était arrivé.
        On sait que l’ancienne circonscription de Belleville avait été divisée en deux. Les actionnaires de Gambetta tinrent une assemblée générale pour savoir s’il devait se présenter dans les deux sections ou en laisser une libre pour Tony-Révillon. En bons courtisans, les affidés du maître se prononcèrent pour les deux sections : succès assuré, apothéose certaine, etc… Une voix prévoyante s’éleva ce-