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gambetta et sa cour

des orgues, au bruit des hymnes pieuses montant vers le ciel, à la lueur des épées vaillantes tirées du fourreau.

Voilà le rhéteur devant la foule..… S’il triomphe, il est le maître quand même de la Chambre future et, comme il le dit, le représentant de la démocratie. Alors c’est la guerre, la guerre folle, la guerre ignoble plutôt, où le sang français ruissellera pour se changer en or pour les Juifs.

Il va commencer. Il ébauche déjà le geste que l’on sait. Qu’il était topique ce geste ! Les doigts ne s’élevaient point, comme ceux d’un Boudha, pour signifier paix et concorde, la droite ne s’étendait pas comme celle d’un chef pour commander. Ramenées, la paume en l’air, vers un point central situé en bas, ces mains s’inclinaient et s’arrondissaient graduellement. Cupides et amoureuses du lucre, ces mains semblaient ainsi caresser et comme peloter sur la tribune un petit tas de pièces de monnaie …

Il ouvre la bouche… Et en moins d’une seconde, une trombe de sifflets et de huées balaye le dictateur et la dictature…

— À bas Judas ! crie une voix mâle au milieu du vacarme.

Qui a crié cela ? Qui a sifflé le premier ? Nul ne le sait. Ceux qui, la tâche de la journée terminée, vinrent à Charonne accomplir cette besogne de justice, resteront des inconnus pour l’histoire. Au fond de ces faubourgs sombres, où ils ont vécu, ils seront peut-être, dans un de ces jours où le vertige est dans l’air, acteurs en quelque assassinat comme celui de la rue de Haxo ; ils tomberont peut-être le long d’un mur victimes de représailles implacables. Il convient de dire qu’ils furent utiles et grands, de féliciter, au nom de la Patrie, cet être anonyme et impersonnel : le Peuple, qui, parmi tant d’abjections et de