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la france juive

qu’elles viennent de frapper. Ce n’est ni dans les Parthénons, ni dans les Capitoles, c’est au musée de Naples qu’habite la Fortune qui convenait ici, la Fortune obscène qui, honteuse du favori qu’elle avait choisi, pendant un moment d’égarement, lui montre en s’éloignant le moins noble de ses deux visages.

La situation était difficile pour Gambetta. Il avait gorgé ses créatures sans pouvoir les satisfaire et devant le déficit, qui déjà menaçait, on avait dû clôturer ce compte de liquidation qui, échappant au contrôle de la Cour des comptes, permettait les dilapidations les plus effrontées.

Un beau jour, un député, du nom de Baïhaut, était venu en souriant proposer, aux représentants de la France, d’approuver à la fois les dépenses de 1870, montant à deux milliards cinq cent dix millions six cent vingt et un mille cinquante-sept francs quatre-vingt-treize centimes, plus les dépenses effectuées sur ce même budget, jusqu’à la clôture du compte de liquidation et fixées à deux milliards quatre cent quarante-huit millions six cent soixante-trois mille cinq cent quarante-neuf francs vingt-neuf centimes, plus encore des dépenses restant à payer montant à soixante et un millions neuf cent cinquante-sept mille cinq cent huit francs soixante-quatre centimes. Tout cela pour arriver à ne pas pouvoir mettre un régiment sur pied au moment de la guerre de Tunisie et à faire écrire au colonel Grand-Clément : « nous n’avons pas d’armée. »

La Chambre, servile comme d’habitude, avait voté cette bagatelle de quelques milliards sans une seule discussion, sans demander une seule explication, sans rechercher ce qu’il avait dû se commettre là-dedans d’actes irréguliers et frauduleux.